Imagine a theater play and five animals...
Imagine a theater play titled The Butcher and written by Tanguy Pitavy. Imagine it is about five animals, living in the countryside. They are a bear and a wolf, a bird, a sheep and a pig. Three of them are living on a farm, but we don’t really know when or where it is happening. Imagine it is not George Orwell’s Animal’s Farm.
They are quite into politics and philosophy, and they really like to talk about it. Some would say their debates are sterile, some others would say they are fundamental.
Of course, they all have different opinions. However, the reader assumes that these opinions are all part of one and the same indecisive mind.
The animal’s dialogue is laboured. It’s a long conversation which starts in the farm and ends in a truck driving across desolate land. They keep talking, saying they want to fight and to rebel, against oppression, against The Capitalism which devours everything. Sometimes they just try to enjoy life. They imagine an enemy; they call it the slaughterhouse.
But nothing forces them to go up in the truck. Twice. No one dares to follow the footprints which leave the road at a nineteen degrees angle.
Okay. Now, imagine more. They is a fictional world on another layer. Five actors are rehearsing the play. They are famous. It is almost like our own reality, except for two things. One: the actors are animals; they are living in a normal human society, and no one is surprised that they are animals. Two: the scene takes place in 2035, twelve years after the release of the play, which was an immense success. Imagine that the name of the director is Tanguy Delpierre.
I asked some people to write fake critiques about the play as if they were in 2035 and were famous literature critics. I had to fake all the dates in the publication.
The animal-actors are rehearsing for the play. I needed these animals to rehearse, physically. So I made them out of ceramics. However, I also wanted to do the play with real people. So, I asked these people to play the animal-actors that were acting in the play.
This is the third layer.
People are rehearsing for the play, but in reality, they are playing the roles of the actors rehearsing. Each rehearsal is a different story that you can find in the Rehearsals’ book. We even did a ‘last episode’ in which we reenacted all the previous rehearsals. It is called The Last Rehearsal of The Butcher, and it is in a way a fourth layer of fiction.
Eventually, it is about a lot of things, built on many layers. The real, the fiction, the collective, rebellion, participation, theatre (but not really), a book, sculptures, an interview and some pictures, voices, and even a TV show, and finally some critiques. A multimedia fiction.
The philosopher Jacques Rancière writes:
“Fiction is not the creation of an imaginary world opposed to the real world. It is the process that brings dissensus, that changes the modes of sensible presentation and the forms of enunciation, by changing the frames, the scales or the rhythms, by constructing new relationships between appearance and reality, the individual and the common, the visible and its meaning.” (J. Rancière, Le Spectateur émancipé, Paris, La Fabrique éditions, 2008, p. 72. [Translated by myself])
Imaginez une pièce de théâtre et cinq animaux...
Imaginez une pièce de théâtre, ayant pour titre La Boucherie, et écrite par Tanguy Pitavy. Imaginez que c’est à propos de cinq animaux qui vivent à la campagne, dont trois dans une ferme, mais on ne sait ni où ni quand. Il y a une ourse, une louve, un oiseau, un mouton et un cochon. Imaginez surtout que ce n’est pas La Ferme des Animaux de George Orwell.
Les animaux sont très versées dans les débats politiques et philosophiques. Certains diraient que ces débats sont stériles. D’autres diraient qu’ils sont fondamentaux. Bien sûr, iels ont tous des opinions différentes. Le lecteur présume que ces opinions font toutes partie d'une même tête indécise.
Longue et laborieuse est la conversation entre les animaux, qui commence dans la ferme et fini dans un camion roulant à travers une campagne désolée. Les animaux n'en finissent pas de parler ; iels espèrent se rebeller, combattre Le Capitalisme qui opprime et dévore tout. Parfois, iels essaient simplement d’apprécier la vie. Iels imaginent un ennemi et l'appellent l’abattoir.
Mais rien ne les oblige à monter dans le camion. Deux fois. Personne n’ose suivre les empreintes de pas qui partent de la route en formant un angle à quatre-vingt-dix degrés.
Très bien. Maintenant imaginez un niveau de fiction supérieur. Cinq acteurs répètent la pièce de théâtre. Les acteurs sont connus. Leur réalité est pratiquement la même que la nôtre, avec deux différences notables. Premièrement, les acteurs sont des animaux, vivant dans une société humaine et personne ne s’étonne qu’iels soient des animaux. Deuxièmement, l’histoire se déroule en 2035, douze ans après la publication de la pièce, qui fut un immense succès. Imaginez que le metteur en scène de cette pièce s’appelle Tanguy Delpierre.
J’ai demandé à des personnes d’écrire de fausses critiques de la pièce, comme si on était en 2035 et qu’iels étaient des critiques littéraires connues. Toutes les dates dans la publication sont donc fausses.
J’avais besoin, pour que les acteurs-animaux puissent répéter la pièce, de les avoir physiquement. Je les ai donc modelés en céramique. Je souhaitais également que la pièce soit jouée par de vraies personnes. J’ai donc demandé à ces personnes de jouer les acteurs-animaux qui jouaient la pièce.
Ceci est le troisième niveau de fiction.
Les personnes répètent pour la pièce, mais en réalité ils jouent le rôle des acteurs-animaux pendant les répétitions. Chaque répétition est une histoire différente, présente dans le livre des répétitions, “The Butcher’s Rehearsals”. La dernière répétition, jouée sur scène et appelée The Last Rehearsal of The Butcher (La Répétition Finale de La Boucherie), a mis en scène les précédentes répétitions. Disons que cela forme le quatrième niveau de fiction.
À la fin, c’est au sujet de plein de chose, construit sur plusieurs niveaux. Le réel, la fiction, le collectif, la révolte, la participation, le théâtre et puis pas vraiment, un livre, des sculptures, une interview et des images, des voix, et même un show télé, et puis des critiques littéraires. Une fiction multimédia.
Le philosophe Jacques Rancière écrit :
La fiction n’est pas la création d’un monde imaginaire opposé au monde réel. Elle est le travail qui opère des dissensus, qui change les modes de présentation sensible et les formes d’énonciation en changeant les cadres, les échelles ou les rythmes, en construisant des rapports nouveaux entre l’apparence et la réalité, le singulier et le commun, le visible et sa signification. » (J. Rancière, Le Spectateur émancipé, Paris, La Fabrique éditions, 2008, p. 72.)